Le zen

Le Zen est l’une des principales écoles du Bouddhisme, elle privilégie la pratique de la méditation assise (zazen).

Elle ne repose sur aucun dogme ni sur aucune idéologie. La simple connaissance des textes n’est pas suffisante pour comprendre le zen. Le zen propose une pratique-réalisation, esprit et corps en unité, qui ouvre l’accès direct à une connaissance intime de soi-même.

C’est au sein d’un dojo en bénéficiant de l’énergie du groupe que le zen peut se déployer pleinement. De plus, si l’on pratique seul, au risque d’une imagination incontrôlée, l’illusionner sur l’Eveil qui n’est pas une condition spéciale mais un retour à notre nature originelle.  Il aide ainsi à révéler notre nature profonde qui est celle de l’Eveil. C’est revenir à Ku (vacuité), à nos origines profondes, pour revenir ensuite à Shiki (les phénomènes).

“Lorsque l’esprit ne demeure sur rien, le véritable esprit apparaît”
(Sûtra du diamant)

Le Zen est Mushotoku, c’est-à-dire sans but, sans esprit de profit, sans recherche de pouvoirs. Quand on demandait à Kodo Sawaki “Pourquoi pratiquez-vous zazen ?”, il répondait seulement “Pour rien”.

Le Bouddha est né vers 566 avant J-C à Lumbini, près de Kapilavastu, au Népal moderne près de la frontière indienne. Son nom de naissance est Siddhartha Gautama. Fils d’une famille royale, son éducation est raffinée, il étudie les sciences, les lettres, les langues, on l’initie également aux arts de la guerre.

 À l’âge de 29 ans, Siddhartha, lassé par toute cette abondance, s’aventure pour la première fois à l’extérieur du palais, il fait face à une réalité totalement nouvelle. Après avoir vu la naissance d’un enfant, un malade, un vieillard, et un cadavre, Siddhartha réalise soudainement que la souffrance est commune à toute l’humanité. Il comprit alors que si sa condition princière le met à l’abri du besoin, rien ne le protégera jamais de la vieillesse, de la maladie, de la mort et de la souffrance.

Le soir même, il décide d’abandonner sa famille, la richesse et son titre de successeur du trône afin de trouver la voie du salut. Siddhartha voyage comme un mendiant dans le nord de l’Inde et suit les enseignements de nombreux maîtres, qui le laissent insatisfait.  Il poursuit sa quête et s’installe avec cinq hommes qui partagent le même objectif. Ensemble, ils cherchent à obtenir l’Éveil spirituel à travers une pratique extrême : privation totale de biens matériels, pratique de la méditation 10 heures par jour, ne se nourrissent que de quelques grains de riz par jour, ne parlent jamais et ne dorment que très peu.

Un jour durant sa pratique ascétique, affamé, affaibli et malade, Siddhartha fini par s’effondrer. Il est aidé par une jeune villageoise qui prends soin de lui et le nourrit de lait et de riz. Il retrouve progressivement la santé et cesse cette pratique extrême, mais perd ses cinq compagnons. Ceux-ci voyaient ce changement de philosophie comme une défaite. Après ces six années de mortification Siddhartha comprit que l’ascétisme extrême ne fonctionne pas, et qu’en toutes choses, l’équilibre est important.

En réponse à son expérience, il développe une pratique et un mode de vie qu’il appelle La Voie du Milieu, un chemin de la modération, de l’équilibre, loin des extrêmes, dans tous les aspects de la vie. Éviter tant la gratification des sens que l’austérité excessive. Siddhartha s’assit alors en dhyana (Zazen en japonais) au pied d’un figuier connu depuis sous le nom de l’arbre de la Bodhi ou l’arbre de l’Éveil et prit la décision de ne pas s’arrêter avant d’atteindre l’illumination (satori en japonais), l’Éveil à sa propre nature et à la nature de l’Univers. Après 49 jours de méditation, il est dit que Siddhartha atteint l’Éveil, c’est à ce moment qu’il est devenu “Le Bouddha” ou “l’Éveillé”. Au moment de son illumination, Bouddha obtient une compréhension intuitive de son propre esprit, et comprit la cause de la souffrance terrestre, ainsi que la façon dont elle peut être éradiquée.

Bouddha réalise intuitivement que même si nous possédions tout ce que nous désirons, nous serions encore insatisfaits. C’est parce que le vrai bonheur ne dépend pas de ce que nous avons mais de ce que nous sommes. Le Bouddha nous a laissé un enseignement, appelé Dharma, une pratique et une doctrine que tout le monde peut intégrer à sa vie.

Après avoir décidé de prêcher sa doctrine (Dharma en sanskrit), le Bouddha rencontre à Bénarès, au Parc des Gazelles, ses cinq anciens compagnons et leur enseigne les Quatres Nobles Vérités. Ce premier enseignement est appelé « La mise en mouvement de la Roue du Dharma”. Surpris par sa sagesse, sa sincérité et ses connaissances, ceux-ci ont décidé de suivre l’enseignement du Bouddha, ont été ordonnés moines et ont formé la première communauté, la Sangha. Après une vie consacrée à l’enseignement spirituel, le Bouddha meurt à Kusinagara à environ 80 ans.

Le bouddhisme se divisera en deux branches : le Mahayana et le Hinayana et se répendra dans toute l’Asie. Le Mahayana qui signifie “grand véhicule” se subdivisera à son tour en nombreux courants.

La tradition Mahayana du Dyana (qui signifie méditation) qui donnera le Ch’an puis le Zen, remonte à un épisode narré dans le Lankavatara Sûtra. Au Mont des Vautours Bouddha prit une fleur Udumbara entre ses doigts (fleurissant tous les trois mille ans, d’après la légende), et la fit tourner sans mot dire. Mahakashyapa, fut le seul disciple à comprendre l’essence de l’esprit du Bouddha, et répondit par un sourire, qui manifesta sa compréhension profonde, que le Bouddha reconnut alors et lui transmis le Dharma directement d’esprit à esprit (en japonais : i shin den shin).

Bodhidharma 28e patriarche de la lignée dhyana serait arrivé en Chine vers l’an 500 où le bouddhisme est déjà connu depuis plusieurs siècle se rend à Shaolin. Là, il s’installe dans une grotte où, dit-on, il reste neuf ans à contempler le mur.

Un jour, un jeune homme nommé Eka, vient jusqu’à lui pour être instruit dans la pratique du bouddhisme. Ce jour-là, il neige à gros flocons. Bodhidharma est assis comme à son habitude, en silence, face au mur de sa grotte. Eka reste debout à l’extérieur dans la neige mais Bodhidharma reste inflexible. Finalement le jeune homme se saisit de son épée et coupe son bras. Il sera accepté comme disciple et deviendra plus tard le 2e patriarche chinois, suivent Sôsan, Dôshin puis Kônin.

“Voir dans sa propre nature pour atteindre l’éveil” (Bodhidharma)

Après avoir entendu le Sûtra du Diamant, Eno (638-713) orphelin né à Canton, se rend au monastère du Mont de la Prune Jaune. Un jour, Shénxiù, moine érudit et assistant du 5e patriarche, écrit un poème sur un mur :Le corps est l’arbre de l’Éveil, L’esprit est comme un brillant miroir dressé. À chaque instant je l’époussette, Et n’y laisse aucune poussière.

Illettré, Eno se fait lire le poème, puis il y répond par ces vers qu’il demande à quelqu’un d’écrire à côté du précédent :Il n’y a aucun arbre dans l’Éveil, Le miroir n’est pas dressé. Puisque fondamentalement rien n’a d’existence, Où de la poussière pourrait-elle se déposer ?

Ayant vu cela, le patriarche, convoque Eno pour lui donner sa robe et son bol, symbole de la transmission puis lui demande de fuir à cause des jalousies. Après Eno, le Ch’an se divise en nombreuse écoles et se propage dans toute la Chine.

Le bouddhisme a été introduit au Japon vers le Ve siècle. Rapidement, divers courants s’y sont développées aux côtés de la religion autochtone, le Shintô.

Maître Dôgen né en 1200 près de Kyoto suivi d’abord l’enseignement du bouddhisme Tendai. Deçu par le formalisme il décide de partir en Chine, va de temple en temple et finit par trouver maître Nyojo. Il suit sa formation spirituelle pendant deux ans avant de recevoir le Shiho, la transmission intégrale du Dharma.

À 28 ans, il retourne au Japon pour répandre le Bouddhisme Chan de l’école Caodong, qui allait devenir au Japon le Bouddhisme Zen de l’école Sôtô. En 1246, il fonde Eihei-ji, le temple principal du Zen Sôtô. Maître Dôgen passe les dernières années de sa vie à enseigner et à écrire de nombreux livres. Son chef-d’œuvre est le Shôbôgenzô, “Le Trésor de l’œil de la Vraie Loi “.

Le zen grâce à Dôgen, va se développer rapidement et influencer en profondeur la spiritualité, la philosophie et l’art japonais, mais après quelques siècles il s’essouffle.

Kodo Sawaki né en 1880 est le grand réformateur du Zen au XXe siècle. Orphelin, il dut travailler pour se nourrir et à l’âge de treize ans, dans un quartier louche, il devint guetteur à la solde de joueurs. Ayant assisté à la mort d’un vieil homme dans une maison close, il prit brutalement conscience de l’impermanence de la vie et du non-sens d’une telle mort. Sans famille ni amis, sans argent, âgé de seize ans, il se rendit à pied au temple de Eihei-ji, chargé de piler le riz. Ce fut durant ses voyages ultérieurs qu’il rencontra Maître Koho, par qui il fut certifié.

Lorsque éclata la guerre sino-japonaise, il fut envoyé au front. Un jour, après avoir reçu une balle dans la bouche, il fut laissé pour mort et jeté dans un charnier, il resta plusieurs jours sous les corps en décomposition. Découvert, Kodo fut renvoyé au Japon comme blessé de guerre. Ayant réalisé que la pratique de zazen avait pratiquement disparu du zen au Japon, déçu, il se retira dans un ermitage abandonné. Dormant peu, il passait ses jours et ses nuits à pratiquer zazen et à étudier le Shôbôgenzô.

Après quelques années de cette vie, suivi par quelques fervents disciples, parmi lesquels Taisen Deshimaru, il répandit son enseignement aux quatre coins du Japon, des grandes villes aux bourgades de pêcheurs, des universités aux prisons. En 1965, sur son lit de mort, il remit à Taisen Deshimaru son kesa et ses bols, et lui demanda de continuer son enseignement.

Taisen Deshimaru est né en 1914, dans l’île de Kyushu. Durant sa jeunesse, il est fortement influencé par l’esprit du Bushido et par les arts martiaux (son grand-père lui enseigne le Kendo et le Judo). Il est intéressé également par la spiritualité et il étudie d’abord le christianisme. Ses nombreuses rencontres et discussions avec les moines chrétiens, les prêtres et les théologiens le laisse insatisfait. Mécontent avec le christianisme, il revient finalement au Bouddhisme.

En 1935, alors qu’il suit des études d’économie à Tokyo, il commence à pratiquer le zen Sôtô avec Kôdô Sawaki. Il souhaite devenir moine mais Sawaki l’encourage à pratiquer tout en continuant une vie laïque, ce qu’il fait pendant les trente années suivantes, puis Kôdô Sawaki lui donne l’ordination. Taisen Deshimaru ressent qu’il a alors résolu les contradictions qu’il éprouvait entre les aspects matériel et spirituel de la vie.

En 1967, il vient en France par le transsibérien. En quelques années, il multiplie les conférences et les sessions de pratique, traduit les textes fondamentaux, publie des ouvrages et créé l’Association Zen Internationale. Grâce à son effort de nombreux lieux de pratiques voient le jour et en 1979 le temple de la Gendronnière est bâti.

Il décède en 1982 à Tokyo. Doté d’une énergie exceptionnelle, Taisen Deshimaru était animé d’une foi inébranlable dans la pratique de zazen, dans l’enseignement pur des bouddhas et des patriarches du zen, et dans l’importance de cette pratique et de cet enseignement pour la civilisation à venir. Bien qu’il n’ait pas nommé de successeur direct ni donné de transmission officielle il transmit cette foi à de nombreux disciples qu’il avait formés.